Le projet bocal

Écumant les concerts, il est rare que je prenne le temps d’aller au théâtre. Mais pour une fois, entrainée par des amis, je me suis facilement laissée convaincre d’aller voir Le projet bocal, au théâtre de La Licorne. Rien que la vidéo d’annonce m’avait mise l’eau à la bouche (ce n’est rien de le dire) et j’étais intriguée de voir ce qui pouvait résonner dans ce bocal. À la fin de la soirée, j’avais ma réponse que je me garderai bien de vous donner, car c’est à vous maintenant d’aller plonger votre tête dans ce bocal.

Tout au long d’un spectacle de presque 1h30, trois acteurs issus du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, (Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande tous excellents dans leur registre), nous proposent de courtes scènes dans un genre humoristique décalé voire absurde. C’est ainsi que le spectateur est plongé dans la peau de différents personnages de la petite fille avec son cornet de glace en passant par un visiteur de planétarium, avec une dynamique constante oscillant entre rires francs, rires jaunes ou rires oubliés. La force est sans doute d’arriver à nous enfermer tous dans ce même bocal dont tout semble vouloir s’évaporer, comme les minutes qui s’écoulent à grande vitesse tout au long des scénettes.

Avec un jeu impeccable dans la moindre expression ou attitude corporelle, les trois acteurs nous embarquent dans des situations montypythonesques délicieuses d’absurdité, voyageant même du côté de Boris Vian sur certains tableaux. Le décor, la mise en scène, les lumières, tout semble cousu main pour se revêtir parfaitement à nous, comme le vieux t-shirt qu’on adore et qu’on ne veut surtout pas jeter. Le projet bocal est un pari réussi, une création sans compromis et bien sentie avec un humour qui contrairement au poisson rouge, évite de tourner en rond et reste en mémoire bien plus que trois minutes.

Le Projet Bocal - Théâtre La Licorne du 11 au 22 mars
Textes, mise en scène et interprétation Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande
Aide et conseil à la scénographie : Elen Ewing |Éclairages : Jérémie Boucher | Assistance à la mise en scène : Camille Gascon