29 janv. 2010

L’orchestre d’Hommes orchestre

Grande nouvelle en ce début d’année 2010, les bonnes résolutions « écolo DD » foisonnent : sauvons la planète, développons durablement, prenons soin de notre terre, vivons en harmonie avec notre prochain... Ça vous dit quelque chose ? Oui, je sais, les bonnes résolutions se recyclent aussi, c’est plus écologique. Et celles-là, ça doit bien faire 10 ans qu’on essaie de les laver plus blanc que blanc.

Hier soir, j’ai assisté au premier spectacle que je pourrais qualifier de « recyclé et durable ». J’étais à la maison de la culture de Frontenac, pour assister à un show déjanté intitulé : L’orchestre d’hommes Orchestre. On a tous dans la tête la vision d’un homme avec grosse caisse sur le dos, guitare, harmonica qui braille en gesticulant et étonne plus par son côté spectaculaire que par la qualité de sa prestation. Oubliez cette image, je vous le dis, ici il y avait plusieurs hommes : deux jolies filles ressemblant à des moineaux posés sur une branche et quatre garçons sortis tout droit d’un western spaghetti.

21 janv. 2010

Hipsters vs Bobos, même combat ?

Quand je suis arrivée à Montréal, il y a de cela un an maintenant, l’un des premiers mots curieux qui est venu me chatouiller l’oreille était : hipster. J’ai mis un certain temps à comprendre qu’il s’agissait du jeune gars cute qui s’habillait chez American Apparel en essayant de paraître plus moche qu’il ne l’était (en même temps avec du American Apparel, ça n’est pas très difficile), était étudiant en cinéma, faisait partie du band « one night, I stand my life » plus connu sous le nom de ONISMYL, portait des lunettes géantes en plastique noir comme celles du cinéma 3D, avait oublié son sourire chez le dépanneur, faisait le dj au Salon Officiel, avait un vieux Hasselblad en bandoulière, et surtout, connaissait un gars qui connaissait un gars qui était dans Arcade Fire ! C’est très stéréotypé comme portrait, mais malheureusement, on arrive parfois mieux à définir les choses par leurs extrêmes.

En écho à l’article de Sébastien Diaz paru sur son blog le 20 janvier (oui, je sais ça fait très hipster cette phrase-là), je me suis souvent retournée la tête sur l’imagerie du hipster, qui, il faut bien le dire, sonne un peu comme une insulte dans la bouche de certains. Je ne peux m’empêcher d’en faire une comparaison « française » des bobos parisiens. Amis montréalais, connaissez-vous le concept de bobo, ou bourgeois bohème ? Tout comme les hipsters, le concept est né au début des années 2000, mais n’a pas vraiment disparu du paysage parisien d’aujourd’hui. Et oui, les bobos sont à Paris ceux que les hipsters sont à Montréal : des personnes évoluant souvent dans les milieux artistiques, s’habillant chez Comptoirs des Cotonniers ou Zadig et Voltaire, en essayant de paraître bohème et sans le sou, étudiant au cours Florent, poussant la chansonnette guitare/voir/texte morne (« je bois mon café au lait le matin, et je me sens comme la vitrine de mon gardien » ne cherchez pas, ça n’a de signification que pour le-dit gardien), ne portant pas de lunettes, ayant oublié leur sourire chez Monop’ (dépanneur de grand luxe), possédant un reflex numérique autour du cou, et surtout, connaissant un gars qui connaissait un gars qui avait été guitariste pour Vincent Delerme…

20 janv. 2010

Francis d'Octobre à l'Excentris

Est-ce que ça vous est déjà arrivé de voir un bébé à quelques mois commencer à marcher de manière hésitante, essayer de trouver son équilibre précaire… et de le revoir un an plus tard courir, s’essouffler, et même jouer les équilibristes.




Et bien c’est un peu de cette manière que j’ai appréhendé Francis d’Octobre. Croisé sur le chemin des Francouvertes 2009, arrivé finaliste, il n’était encore que l’embryon ce qui allait devenir, quelques mois de gestation plus tard, un grand enfant qui a lâché prise.

Francis d’Octobre est un musicien accompli (je vous conseille d’aller lire sa bio sur son site, je ne suis pas la meilleure en reformulation de vie). Ça veut dire quoi, c’est quoi le concept de « musicien accompli ». On dirait une fausse expression comme « album de la maturité ». Musicien accompli, ça veut dire qu’il y en a eu du chemin, que parfois les fougères recouvraient les traces à suivre, que les cailloux écorchaient les genoux, que la poussière piquait les yeux, que le soleil éblouissait l’horizon, mais que le garçon continuait sa route, en amassant des signes, un peu comme les trèfles, carreaux, piques et cœurs qui fondent l’imagerie de l’album.

Ma bête fragile, c’est toute l’ambivalence de la musique et des paroles de Francis d’Octobre. Un album qui s’écoute comme on entend le vent, comme une habitude : brise puis bourrasque, vent léger dans la tempête. Un album personnel et en même temps universel et accessible. Et je suis heureuse de découvrir le nouvel habillage de petits bijoux déjà entendus par le passé : cuivre chaleureux, voix féminine cristalline, clavier électro-tonique.

Curieuse et impatiente, je suis allée l’écouter lors du lancement de l’album, le 19 janvier à l’Excentris de Montréal. Je l’avais laissé un peu effacé au Club Soda, à la finale des Francouvertes, où j’écrivais ceci : « difficile de prendre possession des choses qui nous échappent comme l’air qu’on respire entre soi et un public. Moi j’y retrouve toujours des moments de magie, de rêveries, et des arrangements un peu plus rock pour l’occasion qui laissent présager un bel automne multicolore ». Après le bluff, le coup de poker : vraiment, vraiment, vraiment (comme du mot vrai, issu de vérité) très belle main. Des morceaux qui nous surprennent, c’est du rock personnel qui pop. Mention spéciale pour avoir réussi à glisser une flûte à bec sans paraître quétaine !!!

Je lui donne un pont, pas très solide mais sincère, pour porter sa poésie et son jeu de l’autre côté de l’Atlantique, pour montrer que derrière des Ariane Moffatt, des Cœur de pirates, il existe un autre exil, un joueur de cartes qui a la chance du trèfle, une musique qui pique, la rigueur et la maîtrise d’un carreau et l’âme du cœur.


http://www.myspace.com/francisdoctobre

18 janv. 2010

Heidi Taillefer

Je ne suis pas une référence en matière de peinture. Oui l’art pictural comme toute forme d’art me parle mais moi en parler, c’est déjà plus complexe. Il n’empêche que quand je croise sur mon chemin une artiste qui m’éveille, j’ai envie de le partager, à ma manière et non comme les introductions des expositions du MAC de Montréal, qui sont des œuvres d’art en elles-mêmes, riches d’incompréhensions, doutes et non-sens, et finissent par remettre en cause son intellectualité et de sa capacité visuelle à intégrer une succession de mots qui compose… une phrase ?!?

Elle s’appelle Heidi Taillefer. Rien que son nom, elle le porte bien. Pour avoir passé une soirée en sa compagnie, je dirais que c’est une femme qui a du caractère, curieuse, ouverte sur plein de domaines, voyageuse, affable, le genre de personne que l'on apprécie d’un regard et en deux secondes de conversation. Quand je me suis plongée dans ses toiles, j’ai vu comme un décalage entre la personne que j’avais en face de moi et ses peintures. Comprenez-moi, je trouvais à ses toiles des significations emprunts à la mythologie, à l’organique, au mécanique, à des traumatismes, des épreuves de la vie, un certain malaise attirant dans ses compositions, des choses osées, de la maïeutique !

Pour le coup, j’aurais imaginé trouver en face de moi une artiste torturée, complètement décalée de la réalité… sauf qu’un(e) artiste n’est pas son art, mais seulement son instrument. C’est là où il est intéressant de constater le fantasme que l’on peut se créer autour des artistes, qui seraient une catégorie différente des autres, une race à part avec sa propre (in)compréhension du monde extérieur et qui essaieraient de se créer un univers qui leur soit propre, qu’ils maîtrisent et qu’ils sont capables d’expliquer.

On peut avoir le cerveau et la créativité en ébullition et lâcher prise pour le transformer en musique, écriture, peinture, photo ou "whatever". Chacun devrait se donner la liberté de le faire, même si les résultats seraient forcément inégaux, la subjectivité étant le meilleur don fait à l'homme. On ne pourra certainement pas tous enfanter du génie. Mais si des artistes comme Tom York, John Fante, Man Ray, Tim Burton ou Keith Haring ne s’étaient pas exprimés, pour ma part je serais aveugle et sourde de beaucoup de choses.

http://www.heiditaillefer.com/
Peinture : auto-érotic immolation

13 janv. 2010

Le self-marketing : attends, tu parles de l’autopromotion de qui là ?

Le self-marketing c’est quoi ? Petit cours rapide et improvisé d’anglais. « Self » = auto et « marketing » = promotion d’une marque… Jusqu’ici tout va bien, sauf que la marque, c’est moi ou vous, c’est selon. Car pas facile de se vendre, de parler de soi tout à son avantage, de se mettre en avant, de contrôler son image. Ça y est, le mot est lâché, « image » !
Car derrière tout ça, on retrouve bien la face émergée de son propre iceberg, celle qui se réveille chaque matin et sort de sous la couette et qui selon l’humeur se porte plus ou moins bien.


Alors même si je ne peux pas contrôler l’image que j’ai de moi sur les autres (non ça mon psy m’a dit, arrête, ça n’est pas possible), je peux, et sans bistouri (oui, alors peut-être avec un petit coup de Photoshop) au moins contrôler l’image numérique qu’on fait de moi. Oui, c’est possible de ne pas paraître (trop) moche sur une photo. Un petit effort de tenue, un peu de maquillage, un shot de vodka, et hop on prend une pose sexy et le tour est joué… heu non pas forcément. Ça prend aussi un bon photographe et pourquoi pas un directeur artistique qui arrivent à retirer de son "soi" la substantifique moelle de beauté naturelle enfouie quelque part, pas très loin, là, derrière l'oreille. Et bien rassurez-vous, ça existe ! Ils s'appellent Matonvu et font du photoshoot « show off waou badabam » de killers en sévissant dans des événements givrés comme l’Igloofest ou glam comme Nü Love.

Mais si un tel concept existe (le photoshoot en événement), c’est aussi parce qu’il y a une demande. Et les réseaux sociaux sont passés par là pour nous mettre la pagaille, et le pêle-mêle dans nos photos. Car en plus de notre propre identité que l’on balade chaque jour, il y a maintenant notre identité virtuelle, qui laisse sa trace quasi indélébile sur le net. Et pour celle-ci, c’est la plupart du temps vous qui la contrôlez (bon ok, sauf le mauvais tag photo de vous sur facebook, le teint blafard et l’expression d’un ourson en peluche en essayant de jouer « Let it be » des Beatles sur Guitare Hero). C’est pourquoi en matière de photos montrant votre bobine, vous vous laisserez facilement tenter par l’expérience de quelques poses sous les projecteurs !

Alors certains pourront crier au scandale de l’étalage du « moi-je », de « l’égocentrisme photogénique », de la photo « pose pour ton profil réseau contact », c’est vrai, et vous le savez, je ne suis pas de celles qui a tendance à se mettre sur le devant de la scène. Mon coloc m’a d’ailleurs trouvé une expression qui me convient à merveille « low-profile » : le profil bas, oui, mais mon plus beau profil quand même !

9 janv. 2010

Caravan Palace


Premier concert de l’année. Il fallait bien commencer par quelque chose qui nous réveille, nous émoustille, nous sorte de nos fêtes de Noël où l’on s’est empâté, où l’alcool et la dinde aux marrons ont fini par nous achever, et où la gueule de bois de début janvier nous a gelé.





Parmi la (trop) longue liste de bonnes résolutions 2010 (l’année des délices), je m’étais notée vers la 12ème ligne, coincé entre : « manger des épinards » et « adopter un bixi », de continuer ma série de concerts divers (et d’hiver) et très variés.

On commence donc cette année par Caravan Palace à l’Astral, salle récente à Montréal, jeune et jolie, à l’acoustique intéressante et aux coupures de courant intempestives. Caravan Palace, groupe français, est un mélange dynamité d’électro et de jazz manouche, tinté de swing. Ça c’est pour la version « wikipédia » classique et pour que vous vous fassiez une idée du style de musique dont on parle ici. Dans la réalité, c’est un mélange noir/blanc, sucré/salé, Daft Punk/Django Reinhardt, 2008/1923, électronique/acoustique chaud, boisé saupoudré de cuivre. Le tout mené par une Betty Boot à la classe renversante qui se déplace sur scène avec la même aisance avec laquelle elle improvise : légèreté, rythme et choc.

C’était plus qu’un concert, c’était une représentation scénique musicale et dansante, vibrante et animée. Je mets au défi quiconque de rester de marbre, sans bouger le moindre centimètre carré de son corps devant un tel spectacle. Tout le monde, même le petit monsieur un peu timide qui ne sait pas pourquoi il a acheté sa place et qui sirote son vieux whiskey dans son coin, a remué les hanches, les bras, les mains…une petite marée humaine sautante et chaleureuse.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Caravan Palace et qui nous feraient une petite déprime post-vacancière, faîtes-vous quelques intraveineuses de leur album éponyme, ça vous changera des chants de Noël serinés dans vos oreilles depuis novembre !

http://www.myspace.com/caravanpalace

4 janv. 2010

2010, une signe ?

Ma transition de l’année 2009 à 2010 portait bien son nom puisqu’elle s’est faite dans une rame de métro montréalais. Ça peut paraître plate, dit comme ça, mais je peux vous dire que ça ne l’était pas et qu’en terme de signes, il y en avait (ou pas) : être en mouvement, être avec des proches, être avec des inconnus, être proche d’un virus H1N1, être enfermée, être sous terre, être sous une lumière vive, être assise sur du plastique, être interrogative devant une pub Bell… être...



En matière de signes, il y a les septiques, qui se questionnent : le début d’une décennie, c’est un signe ? Il y a les convaincus, qui y croient : le début d’une décennie, c’est un signe. Il y a les euphoriques, qui s’extasient : le début d’une décennie c’est un signe !

Et puis, il y a moi, un peu de tout ça… me questionnant, tout en y croyant et m’extasiant d’entrer dans une nouvelle décennie, qui sera pour moi celle de la trentaine. Mais on le sait, avec des si(gnes), on irait loin mais pas (si) loin. Alors qu’est-ce qui va nous transporter en 2010, nous faire bouger, nous faire évoluer ? Parce que finalement, tout est une question de mouvement, qu’on avance, qu’on recule ou même qu’on soit statique, le mouvement est en nous ou autour de nous, et c’est à nous dans prendre le pas… ou pas et moi je signe !