27 févr. 2009

SA(A)Q

Pour pouvoir conduire en toute légalité au Québec, si vous n’êtes pas touriste, vous devez obtenir le permis de conduire canadien. Pas de panique, si vous avez un permis de conduire français, inutile de repasser l’examen théorique et pratique. Vous devez vous rendre à la SAAQ (société de l’assurance automobile du Québec) à ne surtout pas confondre avec la SAQ (Société des alcools québécois, qui pourrait faire l’objet d’une dizaine d’articles dans ce blog) : l’un ne faisant pas bon ménage avec l’autre…

Il faut être patient au Québec et savoir également que tout se paie dans l’administration. Patient, car j’ai attendu environ un mois avant d’avoir un rendez-vous un 27 février à 10h10. Patient, car une fois mon numéro gagnant attribué (K3, un vrai cas), c’est comme au casino, vous avez tout un tas de numéros qui sortent mais jamais le vôtre… au bout d’un moment votre vu se trouble à force de lire tous ces nombres défiler telle une publicité japonaise sur Broadway Avenue, pas étonnant qu’ils fassent des tests de la vue.

Oh, ça y est, mon numéro est sorti, mais qu’est-ce que je gagne ? Un permis canadien pour la modique somme de 39,97$, ceci comprenant les frais de plastification de 6$ de ma carte de permis, quelle chanceuse je suis ! Et avec ça j’ai le privilège de pouvoir conduire jusqu’au… 18 juin 2009, date de mon anniversaire, où là encore je devrais payer une nouvelle fois ma carte ! Génial, mais oh, réjouissance, la belle carte plastifiée est valable jusqu’en 2012 ! Et avec ça, on a droit à une petite photo sans sourire, où l’on ressemble à une dépressive psychopathe sur fond blanc (avec moi, blanc sur blanc, on ne fait plus la différence entre le décor et la personne…).

J’attends (encore) mon bus sous les pleurs de Montréal Nord, là où tout est gris sur gris, et comme pour bien finir la matinée, un inconnu (dépressif psychopathe ??) s’accroche à mes yeux et n’en décolle plus. Il me parle de l’hiver, de la pluie et de tout un tas d’autres choses qui m’échappent… et en descendant de mon bus, abreuvée et inondée par toutes ses paroles insensées, je me sens comme dans la chanson de Malajube, un glaçon dans la pluie, pris dans le labyrinthe des étranges pensées de mon inconnu (je confirme dépressif et peut-être psychopathe). La vie est vraiment pleine de surprises icit’ !

25 févr. 2009

Junky

Certains moments plus que d’autres, on a le goût de lire. C’est aussi une question de temps, me direz-vous, quoique, je n’en suis plus si sûre, car le temps, on en trouve toujours quelques miettes restées dans un coin d’une pendule, quand on veut vraiment le prendre. J’ai donc mes phases de boulimie, suivi de quelques phases de diète.






Il y a pour moi différentes façons de lire : dévorer ou savourer. Si je dévore un livre, vous l’aurez compris, il n’en reste plus rien en quelques jours et la digestion peut se faire plus ou moins facilement. Par contre, si je savoure un livre, je peux devenir une véritable addict : je prends le temps de le sentir et il traîne un peu partout avant que je ne décide de commencer sa lecture. Une fois les premières pages avalées, je le laisse dans mon sac, dans un tiroir de ma chambre, il n’est jamais très loin de moi, comme un petit paquet de bonbons qu’on a sur soi en cas de crise. Note importante : je peux savourer un livre que j’avais déjà dévoré auparavant, et c’est encore meilleur !

Mon dernier achat de livre a été mon premier sur Montréal. J’ai facilement passé une heure dans la librairie, et encore, c’est parque le magasin fermait à 17h (ah monde cruel québécois, pourquoi fermes-tu si tôt tes magasins en début de semaine). J’ai été attirée par un bandeau orange vif placé sur un livre de poche : CULTE ! Un livre qui vous dit qu’il est culte, c’est un peu indécent, mais par défi, on a tout de même l’envie de vérifier. Junky de William Burroughs est définitivement culte. Ce livre ne peut pas ne pas être culte. C’est sociologiquement et historiquement prouvé : toute personne trouverait un intérêt à ce livre. Ça n’est pas tellement le style (oui, je lis la version française, on est au Québec et, oh my God, je ne suis pas encore bilingual) mais plus les faits qui me marquent. Le quotidien d’un junky, qui a pleinement conscience de sa condition et qui continue, pages après pages à l’entretenir comme si c’était son unique but dans la vie : survivre pour ne pas être en manque et se droguer parce qu’on manque de quelque chose d’autre pour se remplir la vie.
Il me reste encore une soixantaine de pages à savourer, une fois terminé, c’est sûr, je serais moi aussi en manque…

23 févr. 2009

Le Bocage : le blocage du potage !


Un week-end de plus à la découverte du Québec direction Sherbrooke dans les cantons de l’Est. Je dis Sherbrooke, mais finalement, je n’ai vu que peu de chose de cette ville ou pleurait la neige : beaucoup de gris mais de magnifiques maisons colorées et un centre commercial « tonique ».

North Hatley, Campton, Coaticook, Lennoxville… pour vous petits français ces noms aux sonorités curieuses ne vous disent rien mais ici, ce sont des villages proches de Sherbrooke. Mais s’il fallait retenir un nom, c’est l’auberge Le Bocage ! Vous pourriez facilement traverser un océan rien que pour venir y passer un week-end. Une mention spéciale pour le souper du samedi soir, préparé par le savoureux François. Pas moins de 7 plats : petits amuse-gueules, entrée froide, soupe (non pardon potage deux couleurs au secret bien gardé), entrée chaude, trou normand (si, si), plat chaud et enfin dessert. Sans oublier la pomme « alcoolique » au coin du feu !! J’aurais aimé vous décrire par des mots simples la cuisine de François, mais il est tellement difficile de décrire des saveurs mélangées comme si de tout temps elles auraient été créées pour être mariées ou des textures qui fondent dans la bouche comme les nuages s’évaporent au le soleil… un délice divin à se damner !

Si vous passez par là, vous trouverez un petit mot laissé dans le cahier de cette auberge pour remercier Nicolas et François de leur accueil chaleureux, de leurs petites attentions, des bûches dans le poêle de la chambre, du pain doré au petit déjeuner, des raquettes ultra-légères qui permettent de survoler les champs de maïs, des cafés expresso (des vrais cafés !!), de la pomme alcoolique, du mystère si bien gardé du potage aux deux saveurs, des discussions sans fin mais avec faim sur la cuisine, des discussions sans fin sur une entreprise de lunettes qu’on appellera G&S dont je cacherais l’identité exacte mais où vous devriez tous vous rendre car ils font des rabais de ouf (n’est-ce pas Elo, miss marketing) et en plus Nicolas sera content d’augmenter ses ventes…

Et je reste encore comme une enfant à contempler tout ce blanc sans m’en lasser mais en m’en délectant : je suis devenue aveugle de toute autre couleur.


Le Bocage 200,ch. Moe's River Compton, QC sur réservation seulement (819) 835-5653
http://www.lebocage.qc.ca/index.html

18 févr. 2009

Je sais pourquoi j’aime le Québec l’hiver...

C’est une révélation qui m’est venue ces jours derniers, après être sortie de la civilisation de l’île de Montréal pour la première fois depuis mon arrivée ici.






Vous expliquer ce que j’ai ressenti en pleine nature, sur des sentiers enneigés, devient alors de l’ordre du mystique. On s’aperçoit que le blanc n’est pas vraiment une couleur, c’est un mélange de toutes les couleurs, une base essentielle à la vie, une pureté saupoudrée sur la végétation.
Prendre le temps et avoir l’envie de découvrir et réaliser des choses nouvelles serait l'une de mes résolutions de cette année. En voici le début, extrait condensé d’une bribe de vie de quelques jours…

- voyager dans un van avec des québécois grâce à allo stop
- visiter d’une caserne de pompier refaite à neuf
- rencontrer les québécois à qui on donnerait la médaille d’or de la gentillesse et de la joie de vivre (un immense merci à Johanne et Marcel !)
- apprendre à conduire une motoneige
- apprendre à s’habiller pour rouler 5h en motoneige
- apprendre à apprécier les paysages neigeux
- respirer de manière à ne pas faire de buée sur son casque
- vider l’équivalent d’un mini bar dans une chambre d’auberge perdue dans la nature
- tomber en amour d’un ours encastré dans le mur d’une auberge perdue dans la nature
- goûter à un gâteau à la carotte avec une crème étrange dessus
- prendre plaisir à refaire de la motoneige dans la poudreuse
- apprendre à se déshabiller après avoir rouler 5h en motoneige
- manger des pâtes avec une sauce délicieuse faîte dans une caserne de pompiers
- prendre quelques photos avec de la magie dans les yeux (merci à Larry)
- apercevoir les couleurs de l’automne en pleine hiver car le soleil qui se couche nous joue des tours
- écrire le chemin de croix de Jean-Claude
- fêter 3 fois la fête à Jean-Claude avec trois gâteaux différents et une bougie qui pétille
- se baigner dans un spa nordique, s’arroser d’eau glacée et en redemander
- manger du sanglier saignant
- passer la soirée de la Saint-Valentin avec une personne qui compte énormément pour moi et prendre le menu « tandem amoureux » ;)
- bruncher des plats bizarres avec des cafés allongés très allongés
- faire des glissages sur des pistes (record à 16 personnes) et se faire fouetter le visage par la neige
- penser que l’on aurait droit à la flagellation au spa (oui, je sais que Johanne et Nathalie, les deux petites vaches, sont très déçues !)
- réaliser qu’on a passé l’un des plus beaux moments depuis qu’on est arrivé au Québec et en redemander
- se dire que la team de ces quatre jours était vraiment excellente et regretter que Monique soit rester accrochée à son mouchoir
- se repasser encore et encore un tas de petits mots, gestes ou sourires qu’on aurait voulu voler et garder au fond d’une boite à bonheur à rouvrir pour les coups de blues

10 févr. 2009

All is full of love...


22h22, je claque la porte du Plessis, c’est une bonne heure pour sortir sur Montréal. Et me voilà partie à remonter le boulevard Saint-Laurent pour trouver le Blizzarts, un bar (au prince) charmant où nous avons eu droit au plus bel échantillon de slows inter-universels / inter-générationnels…




All is full of love, cela aurait pu être le titre de cette expo photos. Ce qui me plaît dans
ce décorum, c’est qu’il n’y a aucune continuité des formats : noir et blanc, couleur, grand, petit, ce qui donne un charme à l’ensemble. Love, c’est le fil ténu de ces photos et l’on sent dans chaque pièce un soin du détail qui au final rend la photo naturelle : où comment le photographe capte d’un coup d’œil la demi-seconde qui fera la différence entre l’instant qui passe et l’instant immortalisé. Il n’est de bon photographe que de personne qui aime les autres, et bien celui-ci avait sans doute beaucoup d’amour à donner.

Mention spéciale : le rappel à Doisneau, et son baiser de l’hôtel de ville. Les photographes humanistes québécois ont de l’avenir !

Blizzarts : 3956A, boulevard Saint-Laurent
Expo photos de Toby Andris Cayouette

7 févr. 2009

Tant va la cruche à l’eau… qu’à la fin c’est une soirée classe !

Encore une soirée qui se perd dans les rues de Montréal. Vous trouverez au détour de vos pas beaucoup d’insolite : pour notre soirée, ce fût une cruche et un québécois plein d’humour.





Dans notre quête de réussir à faire tous les bars à vin de Montréal avant la fin de l’hiver, nous nous retrouvons Elodie et moi au BU, sur Saint Laurent. Et très bien accompagnées puisque Jean-Claude et Monique, les adorables et heureux parents d’Elodie sont là. Nous choisissons la découverte de trois vins à l’aveugle : très difficile de deviner, même après avoir séjourné quelques temps à Bordeaux, mon palais n’est pas assez fin pour détecter les subtilités d’un bon vin. Le trio était formé d’un vin italien, puis canadien (notre préféré) et enfin français… Y-aurait-il un rapport dans l’ordre de cette suite et la réputation des amants de ces pays… la question reste à étudier.

Mais la première surprise vient de notre sortie du BU, où sur un poteau d’une banalité déconcertante, Jean-Claude trouve une cruche d’une classe déconcertante. On trouve de tout sur les trottoirs montréalais, entre la neige, le sel et les petits cailloux, des objets poussent de nulle part, comme des bouteilles à la mer lâchées vers une destinée improbable. Cette cruche passera une partie de sa vie quelque part dans la maison du bonheur, avant peut-être de reprendre le chemin de la rue pour une autre demeure.

Nous errons à la recherche d’un restaurant et à l’angle d’une rue, le Brésil nous appelle pour calmer notre froid et caler notre faim. Le Senzala a des accents espagnols et portugais, un décor chaleureux avec des étagères dignes d’une brocante : pour un peu notre cruche se serait bien installée ici.


Fin de soirée, sur un quai de métro, un québécois nous raconte une blague : « il faisait –20° l’autre jour, -30° avec le vent et… -40° contre le vent »…c’est l’humour québécois : une petite phrase, des variations et un rire chaleureux.

4 févr. 2009

Plessis, si, si !


Et voilà, j’ai changé de quartier, d’ambiance, de neige, d’espace, de particules de poussières. Je me suis imprégnée des rues environnantes, pour sentir un peu ce quartier que l’on nomme Village…ça n’en a pas l’apparence, ni la transparence mais on sent un côté chaud/froid, vanille/chocolat, jour/nuit qui s’oppose et en même temps est complémentaire.





L’appart est comme une palette de peintre, chaque espace à sa couleur : ma chambre est verte pomme avec son mur de briques rugueuses. Le couloir est orange vif, un bleu tendre et tonique dans le séjour, un jaune pâquerette dans la cuisine, un rouge bordeaux dans la salle de bain.






Petit inventaire du Plessis : deux colocs d’exception (Pat et Seb), un fauteuil de sky rouge, un panneau de stationnement de Montréal, un vieux miroir customisé (merci Lolo), une chaise d’écolier, un drapeau du Québec, un calendrier des Canadiens, une télé défouloir (il faut la frapper bien fort pour avoir l’image), un cadre avec un dessin d’un artiste inconnu, 15 barils de lessives (notre buanderie ressemble à un rayon de chez Jean Coutu, les bières vides à ramener chez le dépanneur en plus), les horaires de passage des poubelles, 7 paquets de céréales différentes, 76 produits de beauté (notre salle de bain ressemble également à un rayon de chez Jean Coutu, en fait, on est sponsorisé par JC), des plafonniers années 20 magnifiques, des bouchons de bière bien cachés, une propriétaire en or (merci Diane de réparer nos portes défoncées), de la musique déchaînée (Seb), de la pop pop (Pat), un canapé d’un couleur inexistante sur le panel de coloris de chez Leroy Merlin, deux pc vs un mac, une guitare, un parapluie écossais abandonné et des rires… Et le plaisir d’être ici rue Plessis !

1 févr. 2009

Merci

Vient le temps des au revoirs à la maison du bonheur. Je pars vers une autre maison du bonheur, ma deuxième ici sur Montréal. J’ai le cœur un peu gros de quitter cet espace qui a vu naître beaucoup de mes espoirs, un premier mois si vite passé, aussi rapide que la neige a garni le sentier.






Merci à Elodie avec qui j’ai partagé une chambre, un dentifrice, une soixantaine de fou rire, des Boréale rousses, des conversations inter-galactiques, de l’encens, du sens, du chocolat, de la confiture de bleuet et du nutella, 37 « c’est plate », la compréhension de nos visions pré-définies par nos expériences et notre ressenti, un frigo bruyant, une playlist mémorable des 90’, des pas dans la neige, des dîners légumeux ou grasseux, 47 mails haletants, son petit Nicolas, des sorties joyeuses… une vie d’un mois.

Merci à Stephen avec qui j’ai partagé un piano, des conversations mega inter-galactiques et surdimensionnelles relatives à l’émotionnel emprisonné dans son esprit, des pâtes à la crème, des gin tonics, sa prise jack, des rires en coin, des paroles pour ses tounes, de la compréhension d’un haussement de cil, des fredonnements de musique explosée, des fautes de français, un mercredi soir au patati patata, des échanges anglissisants, des films barrés… une vie d’un mois.

Merci à Luc avec qui j’ai partagé des émissions de « comment ça marche » et la série CA, des expressions québécoises insoupçonnées, des matchs de hockey où les Canadiens perdaient, un spectacle de Dave Saint-Pierre à Vanves ( !), la recette cachée du bloody merry, des bouts de canapés avachis, le montage d’une porte d’entrée, Véro au petit déjeuner, des conversations pragmatiques sur la drague, ses plantes vertes, le bleu électrique de la salle de bain… une vie d’un mois.

Merci aussi à Véro, avec qui j’ai partagé un soufflet au fromage noyé dans du café sur Mont-Royal, des échanges goûteux, du magasinage pour l’achat d’un manteau rouge (bon choix), des repas succulents, des éclats de rire tordant, Luc au petit déjeuner, sa vision de Montréal, des « ostie que c’est plate », une party de folie jusqu’au petit jour, un cuisine où il sent bon…une vie d’un mois.

La rue Drolet m’aura portée beaucoup de chance(ux).