31 mai 2009

Expo photos de Melle S














Une semaine, c’est le temps qu’il aura fallu pour tout penser et penser à tout. Deux jours, c’est le temps depuis lequel je tente de trouver les mots pour vous raconter cette expo : comment on a accroché des fils de fer et des grillages en guise de support, comment on a réexploité des vieilles télés pour en faire des lumières de neige ou des diffuseurs de diaporama, comment on a inventé le concept du bar à popcorn, comment on s’est pris de rire en jouant les déménageurs, comment on a tourné et retourné les clichés noir et blanc pour qu’ils trouvent leurs places, comment mon ordinateur et sa musique en aléatoire ont sorti des tounes parfois improbables, comment les fucking t-shirt on fait de l’effet, comment on a apprécié ce monde qui est venu coller ses yeux sur nos murs, comment on a aimé être là et profiter des amis.

L’expo photos “made in appart” va peut-être devenir un concept à exporter dans toutes les bonnes places montréalaises. Et ces quelques mots pour ceux qui auraient raté l’expo (dans nos murs encore pour un bout), pour comprendre l’essence même des photos présentés chez nous.

Une première expo photos, c’est comme un premier enfant : un accouchement dont on ne connaît pas encore la sensation : douleur, plaisir, libération, accomplissement. Stéphanie Toselli, alias Melle S. propose ici un panorama varié de son travail photographique.

Ne cherchez pas de continuité, de ligne directrice, d’homogénéité, ici c’est brute, concret, vif. De l’instantanéité qui fait qu’à ce millième de seconde dans un monde de vitesse exacerbée, c’est celle-là qu’il fallait saisir, pour que ce moment se couche sur pellicule et vienne s’accrocher à ces fils de fer qui parcourent l’exposition et s’ouvrir aux regards des visiteurs.

La tension, c’est ce qui est permanent dans chaque photo, mais derrière cette situation d’urgence de saisir le moment, on retrouve toute la gamme des sentiments : la douceur, la violence, l’espoir, la colère, l’envie, la peur, le désir, l’absence.

Finalement, l’essence de cette exposition c’est le cœur, ce palpitant qu’il faut stopper au moment du déclic final. Sens, non sens, ressenti, vu dans tous les sens, y compris ceux qui sont interdits, où l’on ne s’aventure pas.


Au détour de ses photos, vous y verrez beaucoup de choses, mais à vous de vous faire votre propre histoire entre l’espace temps de l’avant et de l’après photo et de vous laissez porter par la poésie qui l’entoure.

27 mai 2009

Patrick Watson ou les bal(l)ades enchantées...

Vous voyez les films de Tim Burton, cette ambiance bien particulière, un peu onirique, un peu réel, un peu coloré et un peu noir et blanc. Et bien Patrick Watson, c’est comme une musique de film avec bruitages intégrés. C’est planant mais rythmé. Le genre de musique qui peut s’écouter au petit matin un dimanche, en rentrant d’une folle soirée, mais aussi en parcourant la ville, à la recherche d’un peu de paix intérieure.


On est dans le bijou et le haut de gamme de la musique : Patrick Watson a quand même reçu le prix prestigieux Polaris en 2007 pour son précédent album Close to Paradise, juste devant... Arcade Fire et Feist. Pas mal !

Chez Patrick Watson, vous trouverez des violons volants, de pianos déchaînés inspirés par Satie, une voix reconnaissable les yeux fermés : ronde et intrigante, et surtout des percussions dont on ne sait d’où elles proviennent (casserole, roue de vélo, bouteille...). La beauté de cette musique, c’est encore et toujours l’orchestration faîte pour chaque morceau : une symphonie entraînante et majestueuse.

Wooden arms, c’est comme être en pleine nature et se fondre dans l’atmosphère de la forêt, avec ces petits bruits bizarres qui font peur et qui aiguisent les sens. Chaque morceau est une histoire, un peu comme dans Pierre et le Loup de Prokofiev, où tous les instruments sont personnifiés. De belles bal(l)ades, des paroles qui coulent comme de l’eau, des chœurs dans le vent. On se dit qu’ils sont doués, les Patrick Watson d’avoir (ré)inventé un style sacré réservé aux grands.

22 mai 2009

J’apprivoise l’eau…


Non, l’article qui suit n’a rien à voir avec une quelconque débauche alcoolique et un retour aux sources…



Pour ceux qui ne le savent peut-être pas encore, j’ai peur de l’eau ! Nager sous l’eau, mettre la tête sous l’eau, bref, tout ce qui est sous (j’ai dit sous et pas soul) m’effraie. Mais voilà, depuis peu, enfin surtout depuis ma révolution montréalaise, je tente de nouvelles expériences et titille mes peurs et mes limites.

Aider d’un coach aquatique excellent, pour la nommer car elle pourrait devenir rapidement thérapeute des dépressifs de l’eau, Elodie Castillo en personne m’accompagne, me conseille et me soutient dans ce dure apprentissage d’un élément qui n’est pas encore le mien.
Et… ça marche : oh joie, mercredi j’ai mis ma première tête sous l’eau et surtout j’ai nagé sur le dos. Tout ça peut paraître d’un ridicule abstrait pour certains, mais pour moi, l’accomplissement d’un tel exploit se doit d’être noté dans les neufs bulles. Rendez-vous est pris chaque mercredi pour voir les progrès de la bébé-nageuse que je suis !

En parlant d’eau, il n’y a qu’un pas pour sauter dans le canoë, facile et humoristique transition.
Ce matin, j’allais à un entretien d’embauche pour canoe.ca (énorme portail d’informations et de divertissement ici au Canada). Ce qui est assez drôle c’est que quand j’ai répondu à l’annonce sur jobboom, je me suis dit : ce poste est fait pour moi, je le sens à 1000%. Alors bien sûr, ça place la barre un peu haut, quand on lit le job de ses rêves sur papier.
Imaginer un job où l’on vous demande (outre les compétences intrinsèques du poste) d’être curieux, de repérer les tendances et de les mettre en avant. L’opportunité d’allier ma curiosité personnelle à un challenge professionnel est tentante. Dire que l’entretien s’est bien passé serait le bateau du siècle, et on parle ici de canoë. En plus, mon recruteur est susceptible de lire ceci, donc par soucis d’éthique, je n’en dirais pas plus… suspens, suite à la prochaine traversée.

18 mai 2009

Perdue dans le Mile End



Samedi soir, pluvieux, griseux, humide et froid… ça ne donne pas forcément envie de vous bousculer au travers des gouttes de pluie et de finir vainqueur et trempée !




Mais quand vous avez des amis connectés aux sorties montréalaises « indie-underground overground anglo spirituelles », vous faîtes comme la petite frenchy que je suis : vous suivez le mouvement et vous bénissez le ciel d’être à la fédération ukrainienne un samedi soir pluvieux, griseux, humide et froid.

Pourquoi vous êtes content : et bien parce que vous vous trouvez dans le Mile End, une partie très anglo de la ville de Montréal : si je décode avec mes yeux et mes malheureux préjugés, j’en déduis que je suis au cœur d’un quartier bobo anglo, où tout est calculé pour être hype, dans la tendance mais avec un bon background relax, comme si tout ça était d’un naturel évident : franchement un t-shirt jaune moulant avec un pantalon violet et un veste bleu cintrée quoi de plus classe et détendue pour aller se faire un petit concert. J’adore !

Vous êtes content aussi parce que vous découvrez que les ukrainiens ont très bons goûts d’avoir choisi deux groupes comme Elfin Saddle et Clues pour parfaire l’horizon sonore de leur magnifique salle, petit théâtre confortable et chaleureux. Ça n’est pas pour rien que les lieux ressemblent à une église : c’est pour faire honneur aux musiciens qui pratiquent ici comme des anges venus d’un paradis perdu. Une musique qui devient accessible d’une seule note perçante, et on assiste à un concert cacophonique de merveille.

Vous êtes content aussi car la personne assise à côté de vous est un peu comme votre mentor es-découverte de la scène montréalaise, et qu’il vous apporte de la bière fraîche, vous présente à des personnages énigmatiques, se penche sur vous pour vous faire connaître son point de vue sur tout et sur rien, et vous amène gentiment à parler anglais.

Enfin, vous êtes content car vous le saviez, vous alliez passer une belle soirée, et que Montréal ne vous déçoit jamais dans ce qu’elle enfante.

14 mai 2009

Concert de Ben Harper & Relentless7



Périlleuse affaire que de vouloir expliquer à ceux qui n’étaient pas présents le mardi 12 mai dernier, dans la chaleureuse salle du Métropolis de Montréal (sorte d’Olympia parisien), quels effets bénéfiques peuvent produire un concert de Ben Harper.




Si les thérapies musicales étaient prescrites légalement pour euphoriser toute personne en manque d’énergie, le premier médicament serait sans doute ce que nous avons vécu l’autre soir : pas loin de 2h de cohue musicale intensive.

Ben Harper arpente les univers musicaux avec autant de maîtrise et de tact à chaque fois et depuis maintenant près d’une décennie. A chaque album sa couleur et son évolution. Pour White Lies for Dark Times, la couleur serait le rouge bordeaux et l’évolution plutôt rock. Et ça lui va bien, car il s’est encore entouré de musiciens extra-ordinaires (très extra, et pas du tout ordinaires), le groupe texan Relentless7 qui jouent de la musique comme ils respirent l’air frais des champs : instinctivement et à plein poumons.


Sur scène, ça nous donne des morceaux d’une moyenne de 12 minutes et 56 secondes : comprenez que si le groupe a aimé se faire plaisir avec cet album, il l’enrichit encore plus en lui donnant une autre dimension sur scène. A coup d’improvisations instrumentales, on ne serait dire qui est le gagnant du meilleur solo : le batteur se déchaîne, le guitariste explose, le bassiste se promène et Ben Harper transcende. On se croirait parfois perdu dans un concert rock des 70’s, parfois au fond de l’Amérique dans une église à gospel.

Mais on le sait, la touche de Ben Harper a toujours été ses Weissenborn (slide guitare qui se joue assis), ce qui nous frustrait parfois de ne pas pouvoir le voir derrière les têtes touffus des premiers rangs… et bien là, nous avons pu voir un Ben Harper debout, guitare en bandoulière ou percu à la main, exploser et sauter sur scène, ou apprécier avec une ombre de sourire sur ses lèvres les applaudissements de la foule. Moment de grâce dans toute l’électricité déchargée ce soir-là : quelques paroles a capella, portées par le silence (trop court) du public, où l’on se dit, et on l’avait presque oublié, que son meilleur instrument reste sa voix et nous sans voix.

Au final, il ne nous a pas menti et les moments étaient plutôt teintés de lumière. Le plancher craquait sous mes pieds et du poids des pas du public, le sourire sur mes lèvres m’a facilement fait prendre cinq année de plus, et je m’apercevais que chaque concert me faisait naître à nouveau d’un accouchement avec cris mais sans douleurs.

11 mai 2009

Philemon chante

Mardi soir dernier était vraiment une soirée intense : après un lancement de Chinatown électrisé et un repas au grecque chargé, je me retrouve en bonne compagnie au Divan Orange (qui n’a plus de divan orange).
Une salle quasi vide et un artiste seul sur scène avec ses déchirures et son amour. Une voix un peu perchée, comme si un Jeff Buckley avait posé quelques ombres sur lui. Une magnifique intensité et une sensibilité tendue entre lui et nous.



J’avais un sentiment de gêne qu’on soit si peu face à tant de talent, et au final, je me suis sentie (quasi) unique et privilégiée d’être au cœur de cette salle orange, à cette heure-ci, où les minutes se sont envolées comme les notes dans la poussière. Philemon chante, ça donne envie d’être poète, d’être amoureux, d’être musicien, d’être un enfant qui écouterait la vie des grands.

Je ne sais plus quoi dire qui soit à la (h)auteur de la poésie enchantée et la beauté mélodieuse de ses chansons. Si vous avez envie de douceur mélancolique, courrez sur son myspace !

www.myspace.com/philemonchante

6 mai 2009

Si t’es d’or…tu aimes te perdre dans Chinatown

Préambule
J’ai dans ma tête une image : la cours du Lycée Victor Hugo, à Poitiers, et un petit gars qui gratte sa guitare, assis sur un banc, sous les arbres, en attendant le cours de musique. Dans mon souvenir, c’était sa première guitare… le petit gars à fait du chemin, même si c’est facile pour moi de dire aujourd’hui : je le savais, Julien allait devenir Fargo et trouver sa voie(x)...



Cœur de l’action
C’était un chrono-concert : le 5/5 à 5h55, 5 chansons avec une jolie introduction, en forme de conte-réalité, et une belle conclusion en forme d’ovation adorée. Et dans cet espace temps, j’ai frôlé comprendre ce que le concept pop-rock signifiait pour Chinatown : Propulsion Orbitale Poétique… Explication tout en définition (accrochez-vous !).

Propulsion : « principe qui permet à un corps de se mouvoir dans son espace environnant. Elle fait appel à un propulseur qui transforme en force motrice l'énergie (Dans le sens commun l'énergie désigne tout ce qui permet d'effectuer un travail, fabriquer de la chaleur, de la...) fournie par le milieu extérieur ou par un moteur (Un moteur est un dispositif transformant une énergie non-mécanique (éolienne, chimique, électrique, thermique par...) ».
Là, si vous étiez présent au concert de mardi soir, vous auriez senti la mouvance des petits corps déchaînés des demoiselles du premier rang. Finalement cette propulsion vous emmène très loin où vous n’avait pas forcément envie d’aller…mais c’est confortable donc vous vous laissez embarquer.

Orbitale : « fonction mathématique représentant l'onde stationnaire associée à un électron en interaction avec les autres particules constituant l'atome ou l'entité moléculaire considérés, et qui détermine la région de l'espace correspondant à une probabilité de présence donnée de cet électron et à son niveau d'énergie ».
Je suis d’accord, ça complexifie un peu la donne, mais vous comprenez, Chinatown est orbital, sans trop bien savoir qui est électron et les particules d’atome, mais ce qui est sûr, c’est que les tounes tournent sur elles-mêmes et sont vraiment satellitées.

Poétique : là, je me permets de citer le poète mexicain Octavio Paz (meilleure des définitions que j’ai pu trouver) : « la création poétique est d'abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots. Le poète les soustrait à leurs connexions et à leurs emplois habituels ».
Forcément à l’écoute des paroles, on comprend la violence faite aux mots avec un tel bonheur qu’on apprécie être voyeur-masochiste de ces textes là. Comme disait John Fante : « pour écrire, il faut aimer, et pour aimer il faut comprendre », je pense que les paroliers ont absolument tout compris et sont certainement très amoureux.

Autour de l'action
La pop n’est pas franchement ma tasse de thé, ce qui pour Chinatown est un peu un comble. Au-delà de ce jeu de mots facile, je trouve fascinant d’avaler trois fois la même boisson en y goûtant à chaque fois des saveurs différentes. C’est comme si on sentait que chacun des membres du groupe était sur la corde raide de ce qu’il leur est possible d’accepter musicalement, tant on sent des influences différentes derrières chacun d’eux, mais qu’au final, le résultat de cette tension était jouissif pour eux et surtout pour l’auditoire.


Epilogue
Je n’ai aucun idée d’où vient la mystérieuse cité d’or de Chinatown, mais l’image du rêve et le raccord avec la réalité ne me paraît pas si loin, surtout quand on observe la magnifique pochette de l’album, que j’ai acheté avec plaisir. Mais je n’ai pas succombée à la séance de dédicaces… j’aurais dû, car ces signatures valent autant que la couleur de l’album : de l’or.

Image : pochette de l'album par Jensy White