Quand je suis arrivée à Montréal, il y a de cela un an maintenant, l’un des premiers mots curieux qui est venu me chatouiller l’oreille était : hipster. J’ai mis un certain temps à comprendre qu’il s’agissait du jeune gars cute qui s’habillait chez American Apparel en essayant de paraître plus moche qu’il ne l’était (en même temps avec du American Apparel, ça n’est pas très difficile), était étudiant en cinéma, faisait partie du band « one night, I stand my life » plus connu sous le nom de ONISMYL, portait des lunettes géantes en plastique noir comme celles du cinéma 3D, avait oublié son sourire chez le dépanneur, faisait le dj au Salon Officiel, avait un vieux Hasselblad en bandoulière, et surtout, connaissait un gars qui connaissait un gars qui était dans Arcade Fire ! C’est très stéréotypé comme portrait, mais malheureusement, on arrive parfois mieux à définir les choses par leurs extrêmes.
En écho à l’article de Sébastien Diaz paru sur son blog le 20 janvier (oui, je sais ça fait très hipster cette phrase-là), je me suis souvent retournée la tête sur l’imagerie du hipster, qui, il faut bien le dire, sonne un peu comme une insulte dans la bouche de certains. Je ne peux m’empêcher d’en faire une comparaison « française » des bobos parisiens. Amis montréalais, connaissez-vous le concept de bobo, ou bourgeois bohème ? Tout comme les hipsters, le concept est né au début des années 2000, mais n’a pas vraiment disparu du paysage parisien d’aujourd’hui. Et oui, les bobos sont à Paris ceux que les hipsters sont à Montréal : des personnes évoluant souvent dans les milieux artistiques, s’habillant chez Comptoirs des Cotonniers ou Zadig et Voltaire, en essayant de paraître bohème et sans le sou, étudiant au cours Florent, poussant la chansonnette guitare/voir/texte morne (« je bois mon café au lait le matin, et je me sens comme la vitrine de mon gardien » ne cherchez pas, ça n’a de signification que pour le-dit gardien), ne portant pas de lunettes, ayant oublié leur sourire chez Monop’ (dépanneur de grand luxe), possédant un reflex numérique autour du cou, et surtout, connaissant un gars qui connaissait un gars qui avait été guitariste pour Vincent Delerme…
Mais au-delà de ces petits portraits exagérés, et comme je n’ai pas eu la chance de jaser avec Sabrina Sabotage, Sunny Duval ou John Londoño, ou alors à chaque fois entre deux gins tonics en hurlant dans leurs oreilles des futilités du quotidien (ça va ? oh oui, ça va ! Il est bien bon ton album ! Oh merci), je n’ai pas vraiment pu faire une étude anthropologique du sujet, en me fondant dans la masse hipsterienne et en osant franchir les portes d’American Apparel…. J’en croise souvent des hipsters, et peut-être que parmi eux, j’ai pu en trouver des arrogants, mais tenez-vous bien, c’est LA révélation 2010 (= fille mature qui a travaillé sur elle et prend des bonnes résolutions) : des cons, il y en a partout ! Ok, peut-être plus chez les bobos et les hipsters…
On a tous des étiquettes qui nous grattent dans le dos ou difficiles à arracher, mais on en est pas moins des êtres uniques qui adoptons consciemment ou non certains courants, modes ou attitudes. Et alors, ça fait mal à qui de vouloir porter des chemises carottées ? Alors, oui, je lis Voir, je regarde Mange ta Ville, je vais au Divan Orange, j’ai un petit sac rouge vintage, j’habite à moins de 10km du Plateau mais... j’ai une chance inouïe, je ne pourrais jamais faire partie de la catégorie des hispters. Pourquoi ? Parce que je suis française, ce qui fait que pour ma part, je suis cataloguée au rayon de « la clique du Plateau » ! Voyez, on a tous nos défauts !
très bien écrit comme d'habitude...
RépondreSupprimerkissous
;) merci ptite caille... je m`ennuie de toi ma belle hispter !
RépondreSupprimersympa ton article, j'en apprends plus sur les hipsters ici que sur wikipedia !
RépondreSupprimer