1 mars 2012

You Yourself and I à la Casa de Popolo

C’est en marchant dans la ouate de Montréal sur le chemin du retour qui me ramenait dans mon cocon, que je me suis dit que j’aimais voir la neige tomber puis mouiller mon visage. C’est moins salé que des larmes, mais ça fait le même effet sur le maquillage. Il y a des groupes qui sont comme la neige. You Yourself and I en fait partie. En lançant le 29 février son album Leap Year (et non Books of questions, précédent album lancé au loin il n'y a pas si longtemps), ce n’est pas la date dont je vais me souvenir le plus, mais le moment passé là, dans l’heure magique où tous les bands commencent avec force retard leur première toune. 22h33 – 23h37. Timing parfait.

Il y a dans l’air de Montréal beaucoup de groupes indie-rock, tellement même qu’on a parfois du mal à voir le bon grain de l’ivraie (si, si, l’ivraie !). Avec la vague des Sigur Ròs, Bon Iver ou autres Arcade Fire, c’est un genre qui se "démocratise" et qui devient tendance (ah le mot est lâché). Comme tous les courants musicaux issus de l’underground, dès qu’ils deviennent accessibles à une plus large audience, ils ont le risque d’être spolié, usurpé voire usé. Puis, il faut le dire, on es-tu pas tanné de voir des groupes de dépressifs enchainer trois accords mineurs en broyant du noir sur des paroles incompréhensibles, en faussant toutes les deux notes, éviter les sourires, et se dire musiciens avec la nonchalance des personnes qui confondent arrogance et talent !

Oubliez le paragraphe précédent, You Yourself and I n’est pas un énième band de hyspters, enfin si ça pourrait l’être, mais avec un supplément d’âme. Tout d’abord se sont de vrais musiciens. Le trio mené par Daniel Gelinas (chant, guitare, clavier), accompagné de Ian Jarvis (basse) et de Brahja Waldman (batterie) a cette capacité de connexion qui fait qu’ils n’ont même pas besoin de se regarder pour jouer. C’est comme en amour ou en pâtisserie, la chimie fait 80% de la job.

Ensuite, si l’on comprend qu’au départ il s’agit d’un projet personnel du multi-instrumentiste Daniel Gelinas, on voit que ses efforts ont largement débordé sur ses comparses. You Yourself and I déclenche un groove incendiaire, un compte à rebours qui vous mène à l’explosion pacifique et un sourire aux lèvres. C’est un nid de poule sur une route gelée, une enseigne de dépanneur qui clignote, un métro bondé, un silence, une tempête sous cerveau. Leap Year apportent beaucoup de réponses à mes interrogations musicales et me rassurent sur la créativité originale et singulière encore possible à l’heure des copier/coller.

L’album digital va bienôt être en ligne (on me dit ça dans l'oreillette) : c’est le meilleur investissement à glisser ça dans votre ipod pour marcher dans la neige qui fouette le visage.
http://youyourselfandi.bandcamp.com/

2 commentaires:

  1. Marguerite Patate1 mars 2012 à 12:17

    Allô Yôlaine,
    C'est encore une fois un très bel article, la plume planté dans le cerveau, bravô. Sauf que l'album que YYI a lancé hier s'appelait Leap Year, Book of questions a été lancé l'été passé (et est très bon aussi). Leap Year sera probablement dispo en ligne très bientôt également. Love
    (porte-parole YYI)

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  2. Oulala, erreur fatale ! Surtout qu'il avait fait une joke sur Leap Year... ben en fait ma source était l'événement Fb qui ment, c'est pô bien. Je vais corriger ça dans l'article chère Marguerite !

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