7 mars 2012

Fanny Bloom : Apprentie guerrière

Apprentie guerrière n’était pas encore sorti que des articles élogieux souriaient sur cet album. On pouvait lire ça et là la genèse de l’opus sur fond de ruptures, de pertes de repères, de bataille, de nouvelles collaborations, de renaissance. On savait, et la sortie du single Parfait Parfait le prouve, que la part belle allait être faite aux claviers sous toutes ses formes, avec un soupçon d’électro, un brin d’esthétique années 80 et une pop aux paroles métaphoriques. Que Bon Iver et Lykkle Li étaient des influences certaines qui s’infiltraient subtilement. Qu’il y aurait quelques morceaux bijoux, avec un côté plus viscéral et tribal. Qu’Étienne Dupuis-Cloutier était le capitaine du navire. On savait de quoi ça avait l’air mais pas ce que c’était vraiment. Cabaret la Tulipe, mardi soir, réinvention d’une perception.
Un lancement d’album, c’est un peu comme une première date. On est un peu fébrile, excité, on a certaines attentes. Quand le moment arrive, ça peut très mal commencer : voix qui tremble, émotions non dissimulées, frilosité. Ces premières minutes sont souvent décisives, inconsciemment. Toute la beauté du show d’hier soir pourrait donc se résumer à ces premiers instants, où mademoiselle Bloom a foulé le sol du cabaret La Tulipe et s’est lancée dans une introduction mélodieuse convaincante : commencer par l’instrument qu’on maitrise le mieux, se rassurer. Puis première toune chantée… La nervosité joue sur la voix comme l’aiguille sur la peau : plus on est tendu, plus ça pique. Il y a deux façons de vivre un concert : chirurgicale ou organique. Je ne suis pas médecin, alors je n’apporte pas de diagnostic sur les fausses notes, les défauts, les cafouillages car souvent ils sont beaux et constituent la part d’humanité qu’il reste au contrôle.

Ce qui fait la force des compositions de Fanny Bloom est certainement cette fragilité tissée dans des mélodies qui nous tatouent à l’encre indélébile, aussi présente dans la particularité de sa voix. Même en frottant, vous n’obtiendrez que des cicatrices, l’encre restera toujours. Vous prenez n’importe laquelle de ses chansons, sans arrangements, juste dénudées, avec une voix et un piano et vous avez l’essence même du sang qui coule dans ses veines. C’est une mise à nu sans retenu, un partage émotionnel intense, porté par des paroles à la fois intimes, singulières mais aussi universelles.

L’identification en musique permet l’appropriation. Quelque chose qui me parle, je l’écoute. En se livrant sans état d’âme avec une pureté qui frise l’indécence, on ne peut que saluer, au-delà du talent évident d’auteure et compositrice qu’elle possède comme un démon, la performance de Fanny Bloom dans sa créative, ses influences, et les personnes qui l’accompagnent. Si tout n’était pas Parfait Parfait hier soir, on aura juste le goût d’y revenir après quelques tours de rodage.

Avec son Apprentie guerrière, elle aura beau se cacher derrière son maquillage, Fanny Bloom risque encore pendant longtemps de faire couler du mascara que ce soit de rage, de tristesse ou de bonheur, cette album pourra vous transporter d’une émotion à l’autre : transition hiver-printemps réussie !

http://musique.fannybloom.com/album/apprentie-guerri-re-2

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