Mois de février, il y a de l’amour dans l’air. Pas parce qu’on nous inonde de cœurs en plastique rouge à nous en décoller les rétines, mais plutôt parce que la tendance des albums francophones du moment semble être le romantisme déchu. Est-ce l’hiver qui fait remonter à la surface des vieux fantômes, des histoires d’amour tristes, étranges, qu’on se conte en ne sachant plus vraiment si la douleur créatrice est bien réelle ou si son succédané l’a emporté sur le reste. Hôtel Morphée a l’art et la manière des mots sortant tout droit d’un conte de Poe, on y trouve une ambiance noire, surréaliste où le filigrane des êtres a du mal à disparaître.
Je l’attendais, ce premier album d’Hôtel Morphée, repéré il y a déjà trois ans dans le cadre du concours des Francouvertes. Signé sous l’étiquette Audiogram et avec le titre évocateur des histoires de fantômes, un premier clip sorti pour harponner nos oreilles, m’avait déjà impressionné, sur le morceau Garde à vous. Il semble que l’esthétique soit d’importance pour le groupe, après tout, pourquoi se priver d’un bel emballage quand le contenu est une étincelle. Le quatuor, composé de Laurence Nerbonne (voix, violon), Blaise Borboën-Léonard (violon), André Pelletier (guitare) et Stéphane Lemieux (batterie), s’accorde très bien d’arrangements fins, avec des pointes d’électro, oscillant entre Karkwa, Monogrenade ou Fanny Bloom (moins la touche année 80) si on veut faire des parallèles québécois. Mais à ce jeu là, même si on retrouve des influences certaines, on note tout de même une singularité, un « son » Hôtel Morphée, frôlant d’ailleurs le grand Cohen sur la pièce Voices, unique morceau en anglais. La marque de fabrique reste un doux indie-rock éthéré porté par la voix et les mots de Laurence Nerbonne, qui nous font voyager loin tout en restant sur place, l’imaginaire créé ici étant une drogue précieuse pour tout public qui le respecte.
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