On avait certainement besoin d’être enfermé dans une boite à briques pour pouvoir amortir les chocs sonores reçus hier lors du lancement de l’album eV de VioleTT Pi. La foule pas si timide était là en masse, buvant frénétiquement sa bière avant l’heure fatidique de la prestation, comme pour mieux se préparer à ce qui allait arriver. Une intrigante harpe trônait sur scène, puis ils sont arrivés, vaillants mais un peu fébriles, pour proposer enfin live cet album qui galopait dans mon Ipod depuis un petit mois.
J’avais peur. Réellement, je me demandais comment sur scène, la complexité des chansons allaient donner quelque chose de construit et pas fouillis. D’ailleurs, à l’avant dernière chanson, Karl Gagnon, leader à la coupe de cheveux prodigysée, lance une boutade en disant : « ben voilà, je viens de vous faire 18 tounes » alors qu’il n’en a jouées que quatre ou cinq. Vous pouvez donc aller les yeux fermés aux prochains concerts de VioleTT Pi, le set qui ne demande qu’à s’affiner et déjà bien affirmé. Et on retrouve toutes les coupures de rythmes, les phrases jetées comme des bouteilles à la mer, les cris justes, les saccades syncopés, tout ce qui fait qu’on a énormément jasé de cet album, en le regardant comme un objet bizarre, qu’on ne savait pas trop dans quelle pièce de la maison ranger : dans le tiroir à couteaux de la cuisine ou dans le fond des draps fanés de son lit. La difficulté de franchir cet album et aussi jouissif que sauter dans le vide, en étant tout de même bien accroché. Alors, oui, il y aura toujours des étonnés, mais finalement, c’est sans censure qu’on arrive à bousculer un peu les oreilles trop formatées de l’auditoire qui commence déjà à s’assoupir sur les quelques succès locaux sur le mode du recyclage pas toujours propre.
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