On attendait la suite de First Aid Kit, paru en 2005, comme un
cas de traumatismes multiples aux urgences : avec fébrilité et impatience.
Let it all out est arrivé avec
les nouvelles pousses du printemps et le trio plasterien composé de
Jean-Philippe Goncalves (batterie), Alex MacMahon (clavier) et François La
plante (basse) faisait sa « rentrée » montréalaise en son et en
lumière au Club Soda, le tout mise en scène par Brigitte Poupard. La barre
était aussi haute que les décibels qui allaient nous frapper.
Si Plaster était une forme
géométrique, ça serait probablement le carré : avec un son résolument plus
rock que jazz, c’est un virage bien négocié que le groupe a emprunté et sans
égratignures. Je me sentais parfois au cœur des années 90, au milieu d’un
concert de Rage Against the Machine, et je peux vous dire que les machines
étaient en maudit et qu’elles criaient à la virgule près. De Booggéré (repris en final avec une chorégraphie tout en béquilles
de l’exceptionnel Luca Patuelli « lazylegs »), en passant par Be my woman (avec un étonnant sample de chants
de prisonniers enregistrés en 1946 au Mississippi par le musicologue
John Lomax) ou P.U.N.K.S. (et son emblématique « Fuck Yeah »
qu’on croirait chanté par des cheerleaders), les pièces défilent à la vitesse d'un stroboscope
déréglé. Let it all out n’aurait pas
pu mieux porter son nom sauf peut être : « lâchez votre fou »,
car de la folie, ils en ont eu et surtout une bonne grosse dose d’audace. À voir
aller les trois gars, on a l’impression d’une certaine simplicité, connexion et
complicité… finalement, ils sont peut-être plus triangle que carré…
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