Que ceux qui ne savent pas ce qui se cache derrière les lettres GSY!BE lisent attentivement cette chronique : cela pourrait révolutionner votre culture musicale et avoir des débordements bien au-delà de ce que vous pourriez penser. Godspeed You! Black Emperor est sans doute LE groupe de Montréal le plus percutant, pertinent, anti-prosaïque qui soit. Si certains leur vouent un véritable culte, d’autres connaissent juste en surface ce mystérieux groupe aux allures mystiques pour paraître assez cool dans un party de hipsters. Pour nommer leur dernier album : Allelujah! Don’t bend! Ascend! et refuser un Prix Polaris, il en faut dans le pantalon et dans la tête.
Avoir l’opportunité d’écouter en live GSY!BE est un privilège qui ne se refuse pas. Malheureux ceux qui découvrent leur existence en lisant ces lignes : ils viennent de clôturer leur tournée hier soir à Montréal, en compagnie de Neurosis. Qu’avez-vous raté ? Un instant d’une rare intensité sensorielle, captivant aussi bien vos oreilles que votre vue. Car la musique de GSY!BE est tout simplement une émanation qui rentre dans le corps. Pas un parfum, pas un effluve, juste des ondes vibrantes qui vous collent au cœur comme la couleur de votre peau : c’est indélébile, vous en serez marqué à jamais. Tout est là pour vous faire frissonner, voire pleurer pour les plus sensibles : des artisans de la musique qui loin de se cacher derrière leurs instruments leur donnent de la hauteur, leur rendent une certaine noblesse et emplissent l’espace de sons répétitifs en crescendo, tel un escalier qu’on gravirait pour atteindre un nirvana sonore. Et quand en plus au son s’allient des images travaillées comme de la dentelle pour rehausser le tout, difficile de ne pas éclater à la vue des pancartes du Printemps 2012, qui sonnent le glas d’une certaine nostalgie mêlée à une culpabilité : où en est-on aujourd’hui ? Sans paroles, sans mots, ce sont bien des discours inconscients que GSY!BE construisent dans notre esprit. Quelque chose entre tension, urgence et désillusions.
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