Il y
avait longtemps que je n’avais pas foulé le sol du Quai des Brumes. C’est comme
ça, la programmation pointue et toujours séduisante du Quai, on y pense et on
oublie… en plus, je n’ai
jamais été capable de tenir la date toujours encerclée de rouge du
« déplogue » du dimanche soir. Alors pour un retour au concert intimiste, je me suis faite plaisir, avec comme appât Marc-Étienne
Mongrain, The
Lemming Ways solo en version
acoustique et en découverte alléchante, la chapeautée aussi bien que culottée Samuele.
Secret n°1 : The Lemming Ways
sont en train d’enregistrer un album. Secret n°2 : il sort en octobre.
Secret n°3 : si je me fie à la version guitare et voix épurée de ce que j’ai
entendu, cet album (long qu’on déguste, pas un petit EP qu’on grignote) sera
bon, voire excellent, dépendamment de la teneur des arrangements. Mais quand l’essence
même est bonne, généralement, le feu n’est pas loin. Ce petit passage du
chanteur guitariste (et photographe petit russe) sur la scène du Quai m’aura
aussi permis de mettre en évidence flagrante quelque chose que je savais déjà :
la voix est tout autant un instrument que le reste, et dans ce registre, les
cordes (vocales) de Monsieur Mongrain donnent le vertige et une sensibilité
fragile aux textes : le parfait dosage sans sombrer dans la sensiblerie.
Secret n°4 : Samuele
a un papa qui était célèbre, qui a écrit des pas pires chansons. Mais loin d’utiliser
son nom pour se faire connaître, elle en emprunte plutôt certaines racines qui
font de très belles pousses. Excellente guitariste, avec une présence sur scène
aussi sincère que décontractée, la jeune Samuele nous offre des paroles matures,
qui sentent un certain vécu. Côté musique, on frôle quelque chose qui pourrait
prendre l’étiquette de l’indie-blues-folk. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle
n’y va pas par quatre chemins : qui aurait osé traduire les paroles de Between the Bars du génie Eliott Smith
sans avoir peur de se casser la figure. Et bien elle l’a fait, et c’est plutôt
réussi. On retrouve ici l’ambiance sombre et nostalgique, dans une adaptation
qui respect l’esprit de la chanson. Deuxième coup de grâce, une reprise de 4
Non Blonde à vous faire hérisser les poils des bras (What’s going on?) puis en guise de rappel Où sont passés les rebelles ? de Gaston Mandeville. Samuele s’interroge
beaucoup sur sa génération, sans vraiment trouver les réponses, elle tisse tout
de même à travers sa musique et ses paroles, un fragile pont par lequel chacun
d’entre nous est susceptible de passer : il faut croire qu’on en fait pas
que danser sur les ponts, on déchante aussi beaucoup.
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