4 juin 2011

Socalled à la Fédération Ukrainienne

Le nouvel album de Socalled s’appelle Sleepover. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce personnage de la scène montréalaise dont l’aura s’étend à des niveaux internationaux (34 invités sur son album venant des 4 coins du monde), Socalled est un marionnettiste en tout genre : il crée, arrange, confectionne, distord, fait avancer, dirige, établit, enchante, engendre, pousse à sa limite, et enfin manipule avec soin des petits bijoux de chansons, telles des marionnettes prises au piège entre ses mains. Les attentes étaient donc fortes pour ce concert à la Fédération Ukrainienne, petite fournaise en plein cœur de Mile-end où si tu te trompes d’étage, tu as droit à un cours de danse de salon.


En lisant plusieurs articles et le site internet de Socalled, j’ai cru me noyer dans les étiquettes données à sa facture musicale. Tout y est, sauf peut-être la ridée bretonne. Quoiqu’en fouillant bien dans son échantillonneur, je suis sûre que l’on peut en trouver. Impossible donc de tout citer ici, sa musique étant tellement hybride qu’il faut l’écouter pour comprendre. Ça serait comme de vouloir raconter le pitch d’un film de David Lynch, ça n’indiquerait rien à sa saveur. Tout comme ses tours de prestidigitation : il faut le voir pour le croire, il faut l’entendre pour comprendre.

Hier soir, on n’avait pas sommeil. Il n’aura fallu que 26 secondes à la foule pour s’amasser dans le devant de la scène. Il faut dire que la configuration théâtre de la Fédération Ukrainienne n’est pas des plus judicieuses pour ce genre de concert, de même que l’acoustique, sans compter que le seul truc frais était sans doute la bière. Mais on s’en fout tellement, car une fois qu’on est dedans, c’est party (encore un mauvais jeu de mot, je n’ai pas pu résister). Au final, un public survolté, un Socalled joyeux et généreux, des musiciens de haute volée, une euphorie générale ! Mention spéciale à Frannie (des excellents Random Recipe), venue le rejoindre sur scène pour un titre avec toujours cette énergie délurée.

Sauf que voilà, je l’avoue timidement, je me suis parfois un peu perdue dans les dédales de la pop proposée hier soir. Il faut croire que je suis une réac qui n’aime pas le changement, car j’avoue préférer le petit côté musique klezmer un peu oublié pour cet album. Ça n’altère en rien la qualité, et l’aspect novateur (Socalled a un côté chercheur de laboratoire très plaisant). C’est un génie au sens propre (de genius, créer, générer en latin) comme au figuré. Et puis ça fait tellement de bien de voir de la musique enjouée dans le paysage parfois un peu gris et nombriliste proposée par la scène locale.

Socalled, Sleepover, (Date To Care) - http://www.socalledmusic.com/

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