2 juin 2009

Perdre son temps, perdre son argent...

Le temps se perd, il se cherche, il se trouve aussi, il rythme nos vies même si parfois on aimerait bien en faire des distorsions pour pouvoir le maîtriser. Oubliez ça, si on arrive à tenir ses rendez-vous à l’heure, à prévoir certaines activités qui ponctuent la journée, où s’obliger à coller aux minutes pour les moments où on ne peut pas reculer, c’est l’une des seules choses sur terre qu’on ne peut contrôler.

Car le temps à soi, n’est pas le temps des autres, et le temps ne s’accorde pas toujours : à deux temps, à trois temps, les saccades ne s’allient pas.
Il y a de belles manières de perdre son temps, et de s’en souvenir quand même. Il m’est arrivé de rester assise pendant un certain temps, et de ne rien faire que penser, et arriver à arrêter le temps dans ma tête, pour le reprendre quelques temps plus tard : j’avais perdu le temps mais pas mon temps.
Je connais aussi des gens qui courent après le temps et qui ne le rattrape jamais. Mais quand le temps commence à devenir un ennemi dans sa vie, c’est qu’il est temps de se poser les bonnes questions : pourquoi n’en ai-je pas assez, pourquoi ne suis-je pas sur le temps des autres ? Et pourquoi ne pas perdre son argent pour avoir plus de temps ?

C’est une solution pour gagner du temps. Accepter de gagner moins pour vivre plus, de moins consommer ou mieux consommer, de savoir où perdre son argent car la valeur qu’il prend est plus précieuse et ce qu’il remplit nous nourrit dans tous les sens du terme. Mais perdre son argent est un luxe, car la plupart du temps, c’est comme pour le temps, on court après l’argent.
Certains artistes sont de bons exemples de ces équilibristes temps/argent : accrochés sur un fil d’argent, ils manquent de tomber dans le vide du temps. S’offrir de perdre de l’argent pour gagner du temps à créer, à vivre, c’est peut-être utopique, mais ça peut se vivre minute après minute. Ce mode de vie, à certains moments, il peut être temps de l’adopter, de le tester, surtout quand on a connu l’inverse : trop d’argent et pas de temps.
Mais le bonheur suprême c’est de faire comme dans la chanson de Chinatown : perdre son temps et son argent et parfois se retrouver sans rien. Oui, le vide peut-être aussi une forme de bonheur, parce que le temps passé méritait qu’on le sacrifie.

Ces réflexions sont malheureusement plus poétiques qu'économiques ou sociales, et pour certains elles ne sont pas acceptables et très certainement critiquables. Mais mes pensées ne sont que contradictions et le temps s’arrangent pour me les faire pousser, mûrir et mourir… et parfois ressusciter.

Image : tableau de Salvador Dali, Montre molle au moment
A écouter : Perdre son temps de Chinatown, sur l'album Cité d'or - http://www.chinatownmusique.com/

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